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dimanche 19 février 2017

Lotissements fantômes d'Irlande


Voici à quoi ressemblent certains coins d'Irlande. Des déserts ruraux, aux marges de villes moyennes dans la campagne irlandaise, parsemés de quelques pavillons dernier chic, qui ne souffrent que d'un seul défaut : personne n'y habite.

Avec la mort du Tigre celtique, des centaines de "nouveaux quartiers" se retrouvent à l'abandon - et leurs rares habitants avec.

Les promoteurs, qui s'étaient frotté les mains devant cette nouvelle mine d'or dans les années 2006-2007, sont vite repartis après l'éclatement de la bulle immobilière irlandaise de 2009.

Les prix de l'immobilier ont chuté de plus de 30 p.cent en six ans. Ceux qui avaient acheté une maison ne peuvent la revendre. Les banques irlandaises ont durement resserré les cordons de la bourse refusant désormais d'octroyer des prêts immobiliers sans apport personnel. Conséquence : plus personne ne peut acheter de maison. Même sil convient de noter un léger frémissement du marché très récemment.

Les chantiers, commencés pendant la période faste, en restent là où on les a laissés : à moitié finis - ou pas finis du tout. L'agence nationale mise en place par le gouvernement et chargée du rachat de la dette (NAMA) a pourtant racheté près de la moitié de ces ghost estates, mais cela ne suffit pas pour corriger le tir.



Pendant l'hiver 2009, une jeune femme est morte de froid dans un de ces "quartiers fantômes". L'organisme qui gère son bloc d'appartements avait décrété que le chauffage coûtait trop cher pour les deux locataires qui y habitaient. Et avait coupé le gaz. Cette nuit-là, la température a chuté sous zéro - et Claire est morte, seule ou presque dans son lotissement.

Beaucoup d'Irlandais ont cru pouvoir acheter leur maison dans ces endroits aux prix abordables, mais souvent situés loin des grandes villes et des lieux de  travail. Ils ont en masse contracté un prêt immobilier - souvent sans apport personnel - qui les lient maintenant aux banques.

Avec la crise économique et financière qui a frappé l'Irlande dès 2008, la plupart d'entre eux ont perdu leur emploi ou ont vu leurs salaires diminuer de 20%. Ils doivent pourtant rembourser la banque pour une maison qu'ils n'habiteront jamais. A la différence des USA où la crise des subprimes a entraîné de nombreuses expulsions, l'Irlande impose aux propriétaires floués de rembourser la totalité du prêt contracté à la banque. Même si leur maison a perdu plus de la moitié de la valeur pour laquelle le prêt a été accordé.



Et les rares qui pourront s'y installer n'auront de toute façon aucun magasin, aucune école, aucun médecin à des kilomètres à la ronde.


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