Rechercher dans ce blog

mercredi 8 février 2017

A la recherche de logements

Quand la lettre du propriétaire est arrivée par la Poste, Sean savait que les ennuis commençaient. Sa femme et lui louent la petite maison mitoyenne de cette banlieue de Dublin depuis deux ans. La nouvelle loi limitant les hausses de loyers à une fois tous les deux ans seulement leur a fait comprendre qu'ils recevraient ce courrier d'un jour à l'autre. Parmi leurs amis, plusieurs ont déjà dû déménager après une brusque hausse de leur loyer de plusieurs centaines d'euros.

Depuis la crise économique de 2008 qui a frappé l'Irlande de plein fouet, les mesures prises par le gouvernement irlandais se sont multiplié pour essayer de réguler un secteur jusque-là laissé libre d'imposer ses propres règles. Peine perdue. Les propriétaires se sont empressé d'augmenter les loyers de façon sauvage avant la date fatidique des deux ans. Des familles se sont ainsi vu imposer des augmentations de loyer astronomiques du jour au lendemain.


Depuis peu, les locataires irlandais sont protégés par une  loi leur garantissant un délai de préavis de 3 mois avant expulsion. Une petite avancée dans un pays où les propriétaires pouvaient demander à une famille de quitter un logement dans un délai d'une semaine. Ce dernier cas de figure existe toujours ; le délai de préavis étant calculé en fonction de la durée du contrat de location -  de 1 an renouvelable à plusieurs mois seulement.



Logements à louer - Dublin


Sean et sa famille devront donc chercher à se loger rapidement. Problème : le manque de logements est endémique dans la région de Dublin où se situe la grande majorité des emplois du pays. Selon l'Economic and Social Research Institute, 100.000  logements aurait dû être construits à Dublin entre 2010 et 2020 alors que seuls 15.000 logements ont été bâtis en 7 ans.


Sean travaille dans un bureau à Dublin et sa femme Deirdre s'occupe de leurs trois enfants et reste à la maison. Tous les matins, Sean doit prendre le train pour se rendre sur son lieu de travail. Deirdre garde la voiture pour les courses et le school run des enfants. A une époque, le couple avait deux voitures comme beaucoup de familles en Irlande. Les politiques d'austérité imposées depuis 2008 ont fait qu'ils n'ont eu d'autres choix que de se séparer de l'une d'elles. Sean et Deirdre doivent trouver un logement assez proche de Dublin pour pouvoir s'y rendre par train ou par DART (le RER local).

La recherche d'un logement à louer est devenu un véritable casse-tête en Irlande. Le nombre insuffisant de lotissements neufs dans la région de Dublin et les nouvelles règles de prêts bancaires ont vu la demande exploser et l'offre stagner voire diminuer. Le Tigre celtique avait fait penser aux banques irlandaises qu'elles pouvaient prêter de l'argent pour un achat immobilier sans conditions de solvabilité et sans apport personnel. Le résultat a été désastreux à l'effondrement du Tigre celtique dans la tourmente financière et économique qui a suivi le krach de 2008.



Manifestants pour le droit au logement


Perte d'emploi et allocations chômage minimales, valeurs négatives de maisons achetées au prix fort durant la bulle immobilière, nouvelle obligation d'un apport personnel de 10% ou 20%  et garantie de solvabilité pour l'achat d'une maison ont fait exploser le secteur de l'immobilier. Culturellement attachés à la propriété foncière, les Irlandais n'ont eu d'autres alternatives que de se tourner vers la location. Et c'est là que le bât blesse. Trop peu de maisons offertes à la location ouvre une voie royale à la spéculation de propriétaires (et d'agences immobilières) peu scrupuleux. La valse des familles et des locataires peut commencer.


Sean et Deirdre ont l'espoir de trouver assez rapidement mais en y mettant le prix. Ils ont en vue plusieurs maisons mises sur le marché en même temps et dans la même petite ville de banlieue. Ils savent pourtant qu'ils ne pourront pas faire jouer la concurrence les agences immobilières s'entendant pour aligner leurs prix. Ils ont repéré une maison de trois chambres, mitoyenne, dans un lotissement dont le loyer vient de passer à... 1.800 euros par mois.  Une chance pour eux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire